Je n'ai retenu que les éléments qui m'intéressaient directement pour la préparation d'un article.
Je livre cette prise de notes telle quelle :
Article « Voyages et utopies » (Jean-Michel
Racault), Histoire de la France
littéraire, Paris : PUF, 2006, p.291-336
Question de la définition.
P.294-296
ü Rappel des grandes définitions de l’utopie
ü Caractère flou de la notion
ü Affirmation de la spécifité littéraire de l’utopie littéraire (sic)
Grandes
définitions
1.
« le principe
espérance » d’Ernst Bloch, projection imaginaire d’ordre eschatologique ou
révolutionnaire.
2.
« état d’esprit [...] en désaccord avec l’état de réalité au sein duquel il se
produit » (Karl Mannheim)
3.
« expérience mentale
sur les possibles latéraux » (Raymond Ruyer)
L’utopie comme genre
« Clivage entre les textes purement didactiques et les utopies narratives comportant le tableau,
inséré dans un récit, d’une société imaginaire où ce programme a été accompli. »
Terminologie : le mot n’accède à sa signification de catégorie littéraire qu’en
1798 dans le Dictionnaire de l’Académie
– passage du statut de nom propre à celui de nom commun avec Leibniz dans la Théodicée (1710).
-
Opposition de l’utopie et
du voyage imaginaire, étant défini comme les deux pôles du genre :
Ø Utopie : réduite à son paradigme, descriptive, prescriptive et non
narrative.
Ø Voyage imaginaire : narratif, ne proposant pas de modèle.
Voyage imaginaire/utopie :
Ø « Si l’on admet que cette dernière postule l’existence d’une « nature neutre » (D.Suvin),
autrement dit le respect des lois
naturelles garantissant l’exemplarité de l’expérience utopique et la
reproductibilité de ses résultats au sein du monde de référence, le voyage imaginaire, lui, se libère des règles de la vraisemblance et
même des contraintes du possible [...]. »
Ø Autre distinction, statut du
personnage : relais descriptif purement fonctionnel/ personnage
individualisé, impliqué dans la trame événementielle où il est acteur et
victime.
-
Marivaux :
p.327
La Dispute (1744) : mise en scène d’un « dispositif expérimental [...] : l’accent porte ici sur la
naissance de la conscience de soi et d’autrui, sur l’éveil au langage et aux
sentiments, amour, jalousie, inconstance... La Dispute ne se rattache à l’utopie que par sa méthode d’expérimentation imaginaire et
son cadre analogue au traditionnel huis
clos insulaire, qui en assure le déroulement dans des conditions optimales d’asepsie et de globalité.
Le laboratoire insulaire sert également de cadre à trois autres comédies de
Marivaux, L’Île des Esclaves (1725), L’Île de la Raison (1727) et La Colonie (1750), qui, elles, relèvent
nettement de l’utopie, bien qu’elles en donent une version atypique : la forme théâtrale entraîne une
perturbation du scénario circulaire (le voyage est rejeté en hors scène) et un
dépérissement du descriptif ; les
sociétés insulaires, à peu près dépourvues de contenu institutionnel
précis, n’incarnent pas un modèle transportable mais sont seulement le moyen d’une prise de conscience
critique chez les visiteurs européens ; enfin, si elles proposent
des solutions, celles-ci ne sont ni
politiques, ni sociales, ni économiques, mais morales.
-
Les micro-utopies et les « petites sociétés » (à partir du 2e tiers du XVIIIe : Cleveland, La Nouvelle
Héloïse, Paul et Virginie, Aline et Valcour) :
« Micro-utopies et « petites sociétés » correspondent à deux
manières de féconder le roman par le recours à l’utopie, et aussi de renouveler
cette dernière en lui donnant un prolongement romanesque, mais souvent au prix
d’un échec au moins apparent. »
Antinomie entre l’ordre collectif et l’exigence passionnelle individuelle.
Amibiguïté : elles « s’installent au sein du monde réel et non
dans quelque contrée fictive, montrent que « changer la vie » est
possible ici et maintant. Mais elles correspondent aussi à un thème de repli et
de désenchantement : la solution utopique n’y concerne que quelques
individus choisis, la vivant pour leur compte au sein d’une communauté fermée
sans ambition de transformation globale du monde [...] ».
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