vendredi 17 février 2012

Utopie dans la production littéraire française du XVIIe et XVIIe : prise de notes

Une prise de notes très incomplète d'un chapitre consacré aux voyages et aux utopies dans la littérature française du XVII-XVIIIe siècle.
Je n'ai retenu que les éléments qui m'intéressaient directement pour la préparation d'un article.
Je livre cette prise de notes telle quelle :


Article « Voyages et utopies » (Jean-Michel Racault), Histoire de la France littéraire, Paris : PUF, 2006, p.291-336

Question de la définition.
P.294-296
ü  Rappel des grandes définitions de l’utopie
ü  Caractère flou de la notion
ü  Affirmation de la spécifité littéraire de l’utopie littéraire (sic)
Grandes définitions
1.                  « le principe espérance » d’Ernst Bloch, projection imaginaire d’ordre eschatologique ou révolutionnaire.
2.                  « état d’esprit [...] en désaccord avec l’état de réalité au sein duquel il se produit » (Karl Mannheim)
3.                  « expérience mentale sur les possibles latéraux » (Raymond Ruyer)

L’utopie comme genre

« Clivage entre les textes purement didactiques et les utopies narratives comportant le tableau, inséré dans un récit, d’une société imaginaire où ce programme a été accompli. »

Terminologie : le mot n’accède à sa signification de catégorie littéraire qu’en 1798 dans le Dictionnaire de l’Académie – passage du statut de nom propre à celui de nom commun avec Leibniz dans la Théodicée (1710).

-          Opposition de l’utopie et du voyage imaginaire, étant défini comme les deux pôles du genre :
Ø  Utopie : réduite à son paradigme, descriptive, prescriptive et non narrative.
Ø  Voyage imaginaire : narratif, ne proposant pas de modèle.

Voyage imaginaire/utopie :
Ø  « Si l’on admet que cette dernière postule l’existence d’une « nature neutre » (D.Suvin), autrement dit le respect des lois naturelles garantissant l’exemplarité de l’expérience utopique et la reproductibilité de ses résultats au sein du monde de référence, le voyage imaginaire, lui, se libère des règles de la vraisemblance et même des contraintes du possible [...]. »
Ø  Autre distinction, statut du personnage : relais descriptif purement fonctionnel/ personnage individualisé, impliqué dans la trame événementielle où il est acteur et victime.


-          Marivaux :
p.327
La Dispute (1744) : mise en scène d’un « dispositif expérimental [...: l’accent porte ici sur la naissance de la conscience de soi et d’autrui, sur l’éveil au langage et aux sentiments, amour, jalousie, inconstance... La Dispute ne se rattache à l’utopie que par sa méthode d’expérimentation imaginaire et son cadre analogue au traditionnel huis clos insulaire, qui en assure le déroulement dans des conditions optimales d’asepsie et de globalité.
Le laboratoire insulaire sert également de cadre à trois autres comédies de Marivaux, L’Île des Esclaves (1725), L’Île de la Raison (1727) et La Colonie (1750), qui, elles, relèvent nettement de l’utopie, bien qu’elles en donent une version atypique : la forme théâtrale entraîne une perturbation du scénario circulaire (le voyage est rejeté en hors scène) et un dépérissement du descriptif ; les sociétés insulaires, à peu près dépourvues de contenu institutionnel précis, n’incarnent pas un modèle transportable mais sont seulement le moyen d’une prise de conscience critique chez les visiteurs européens ; enfin, si elles proposent des solutions, celles-ci ne sont ni politiques, ni sociales, ni économiques, mais morales.
-          Les micro-utopies et les « petites sociétés » (à partir du 2e tiers du XVIIIe : Cleveland, La Nouvelle Héloïse, Paul et Virginie, Aline et Valcour) :
« Micro-utopies et « petites sociétés » correspondent à deux manières de féconder le roman par le recours à l’utopie, et aussi de renouveler cette dernière en lui donnant un prolongement romanesque, mais souvent au prix d’un échec au moins apparent. »
Antinomie entre l’ordre collectif et l’exigence passionnelle individuelle.
Amibiguïté : elles « s’installent au sein du monde réel et non dans quelque contrée fictive, montrent que « changer la vie » est possible ici et maintant. Mais elles correspondent aussi à un thème de repli et de désenchantement : la solution utopique n’y concerne que quelques individus choisis, la vivant pour leur compte au sein d’une communauté fermée sans ambition de transformation globale du monde [...] ».

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