Les Mystères au XVIe – d’après Littérature française,
La Renaissance I – 1480-1548, Giraud et Jung, Arthaud, 1972
-
distinction entre le théâtre
des mystères et le théâtre aristotélicien
Ø
Théâtre aristotélicien :
réglé par la notion de mimèsis, l’acteur s’identifiant au personnage et
l’espace scénique se donnant comme représentation du monde.
Scène : univers clos
dont l’acteur ne saurait sortir.
Ø
Théâtre non aristotélicien du
Moyen Âge : l’acteur ne s’identifie pas au
personnage, il le montre ; la scène n’est pas le monde, elle le signifie.
Dimension figurale de ce
théâtre.
De là, l’importance de la monstre,
parade qui précède le specacle et l’ouvre.
Absence de dimension
psychologique des personnages. Le personnage se conforme fondamentalement à son
« état ». (cf. Instructif de la Seconde Réthorique, in Le
Jardin de plaisance et fleur de Réthorique, vers 1500)
Théâtre non littéraire,
n’étant pas fait pour être lu.
Théâtre dont les sujets sont
donnés : Nativité, Passion, Actes des Apôtres, Miracle, Vies des saints.
Texte mouvant, soumis à
révision avant chaque représentation ; les remaniements sont d’abord
dictés par un souci empirique, tirant profit des réussites acquises lors des
représentations précédentes.
-
Question de la mort du genre
Ø
Expansion infinie des œuvres
(1507 : la Passion compte 65 000 vers)
Ø
Apparition lente d’un théâtre
plus régulier, plus statique.
qui s’accompagne de
l’exclusion d’un certain public : le nouveau public devient un théâtre de
classe.
Exemple de la représentation
de Térence en latin au palais épiscopal de Metz en 1502 : le menu peuple,
ne comprenant pas le latin, oblige les acteurs à interrompre le spectacle.
Les mystères : s’adresse
à la foule ; les acteurs sont des amateurs, nobles ou bourgeois. Théâtre
fourre-tout (il y en a pour tous les goûts)
Dimension spectaculaire.
Ø
Les éléments profanes
prennent de plus en plus d’importance.
Poids que prennent les
représentations dans la vie de la cité :
1541 : les Confrères de
la Passion de Paris : succès de la représentation pendant 35 jours des Actes
des Apôtres. Le procureur général refuse l’autorisation pour la
représentation du Vieux Testament l’année suivante.
Ø
Le reflux : 1539,
François 1er assiste au Sacrifice d’Abraham, en 1543, à la
Conception et Annonciation de Marie.
1548 : Interdiction aux
Confrères de la Passion de jouer des mystères à sujet religieux, par le
Parlement de Paris. Interdiction suivie d’autres en province.
Ø
Facteurs extérieurs :
² goût des lettrés humanistes, condamnant les extravagances de la foule.
² Questions religieuses : les évangéliques et les protestants sont
hostiles à tout ce qui est apocryphe ou profane ; les catholiques
craignent les hérésies.
² Edition de 1538 des Actes des Apôtres : souci constant
d’éliminer les éléments apocryphes, les gloses, les sens mystiques et de se
rapprocher de la vérité historique.
² Evolution entre les mystères du XVe et du XVIe : Dieu le Père et Jésus
n’apparaissent plus aux hommes.
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Cependant, le genre reste
vigoureux
Ø
Mystère de la Passion de
Jean Michel, remaniement de la Passion de Gréban.
Ø
Plusieurs mystères écrits par
des auteurs importants :
² Le Mystère de Saint Martin,
André de La Vigne
² Vie Monseigneur sainct Loys, de
Pierre Gringore, pièce plus historique qu’hagiographique – proche du Mystère
du siège d’Orléans – qui ne connaissent que peu de succès.
² Istoire de la destruction de Troye,
grand succès (une douzaine de manuscrits et autant d’éditions en 1484 et 1544)
de Jacques Milet, composé vers 1450-52.
² Mystère de saint Quentin de Jean
Molinet, « véritable fourre-tout »
Tout semble
représentable ; tout est représenté.
« la tradition ne lègue
plus des valeurs mais uniquement un immense répertoire
« neutre » ».
Dimension de fantaisie
verbale.