Arnoul
Gréban – Le Mystère de la Passion (Folio,
1987)
Préface
(M. de Combarieu du Grès et J. Subrenat)
II.
Les conditions matérielles de la représentation
Caractère
urbain des représentations, dû aux contraintes inhérentes au genre :
Nécessité de temps,
d’argent, d’hommes
Place
de la province, en particulier de la France du nord : Bourges, Poitiers,
Orléans, Metz, Nancy, Semur, Amiens, Beauvais et, hors du royaume, Mons,
Valenciennes.
Initiative d’un mystère :
-
Les confréries
constituées en vue de ce type d’activités – c’est-à-dire contrairement aux
autres confréries des XIVe-XVe siècles, indépendamment de l’appartenance
professionnelle.
-
Les municipalités,
associées au financement (
Dimension
économique : coût important pour monter un mystère mais possibilité de
rentrée financière importante et de dynamiser la vie économique.
Question
de prestige pour la ville
Les
places sont payantes, plus ou moins chères selon la place, selon le spectacle.
Les
acteurs :
-
pas professionnels, pas rémunérés – parfois un
remplaçant est payé pour celui qui joue.
-
pas de femmes
-
Nombre d’acteurs : de l’ordre de 300 pour la Passion de Gréban
-
Capacité de mémorisation des acteurs amateurs.
-
Appartenance sociale : liée aux contraintes
que fait peser l’investissement au niveau du temps ; nécessité d’une
certaine disponibilité :
Notables, maîtres artisans,
prêtres,
-
Sont payés les « conducteurs de
secrez », c’est-à-dire les responsables des effets spéciaux et les
machinistes ; les peintres, les terrassiers, les charpentiers
Le texte : commandé à un
« fatiste », qui se livre souvent à un travail d’arrangeur.
1496 :
les habitants de Seurre en Bourgogne, commandent un Mystère en l’honneur de saint Martin – 8 000 octosyllabes
rédigés en six semaines.
Le
texte est loué ou vendu aux organisateurs de spectacle.
Public :
le
fait que les places étaient payantes exclut que tous pouvaient y assister – un
quart du salaire journalier d’un ouvrier.
Cependant
ce sont des spectacles qui réunissent une grande partie de la population
Déroulement de la
représentation :
-
Préparation : de quelques mois à un an (la Passion donnée à Mons)
-
La veille du spectacle : la troupe parcourt
la ville en cortège
-
Le spectacle se déroule de façon pratiquement
continue de 8 heures du matin à 5 heures de l’après-midi, avec une pause pour
le déjeuner et aussi en cours de matinée et d’après-midi.
-
Le spectacle peut s’étendre sur plusieurs jours,
selon la longueur des Mystères.
Chronique de la fin du XVe siècle, à propos de la
représentation du Mystère des Actes des Apôtres :
« les jeux [furent]
excellemment joués par des hommes graves et qui savaient si bien feindre par
signes et gestes les personnages qu’ils représentaient que la plupart des
assistants jugeaient le chose être vraie et non feinte. »
Spectacles qui
assurent le lien entre le temps christique et le temps présent : à
Valenciennes en 1547, les spectateurs réclament leur part des pains miraculeux
multiplés par le Christ : « les cinq pains furent semblablement
multipliés et distribués à plus de mille personnes ; nonobstant quoi, il y
en eut plus de douze corbeilles de reste. »[1]
[1] Textes
cités dans Henri Rey-Flaud, Le Cercle magique, essai sur le théâtre en rond
à la fin du Moyen-Âge, 1973.
[1] Textes cités dans Henri Rey-Flaud, Le Cercle magique, essai sur le
théâtre en rond à la fin du Moyen-Âge, 1973.
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