dimanche 20 mai 2012

Les mystères : conditions matérielles de la représentation (d'après la préface du Mystère de la Passion, Folio)


Arnoul Gréban – Le Mystère de la Passion (Folio, 1987)

Préface (M. de Combarieu du Grès et J. Subrenat)

II. Les conditions matérielles de la représentation

Caractère urbain des représentations, dû aux contraintes inhérentes au genre :
Nécessité de temps, d’argent, d’hommes

Place de la province, en particulier de la France du nord : Bourges, Poitiers, Orléans, Metz, Nancy, Semur, Amiens, Beauvais et, hors du royaume, Mons, Valenciennes.

Initiative d’un mystère :
-          Les confréries constituées en vue de ce type d’activités – c’est-à-dire contrairement aux autres confréries des XIVe-XVe siècles, indépendamment de l’appartenance professionnelle.
-          Les municipalités, associées au financement (
Dimension économique : coût important pour monter un mystère mais possibilité de rentrée financière importante et de dynamiser la vie économique.
Question de prestige pour la ville

Les places sont payantes, plus ou moins chères selon la place, selon le spectacle.

Les acteurs :
-          pas professionnels, pas rémunérés – parfois un remplaçant est payé pour celui qui joue.
-          pas de femmes
-          Nombre d’acteurs : de l’ordre de 300 pour la Passion de Gréban
-          Capacité de mémorisation des acteurs amateurs.
-          Appartenance sociale : liée aux contraintes que fait peser l’investissement au niveau du temps ; nécessité d’une certaine disponibilité :
Notables, maîtres artisans, prêtres,

-          Sont payés les « conducteurs de secrez », c’est-à-dire les responsables des effets spéciaux et les machinistes ; les peintres, les terrassiers, les charpentiers

Le texte : commandé à un « fatiste », qui se livre souvent à un travail d’arrangeur.
1496 : les habitants de Seurre en Bourgogne, commandent un Mystère en l’honneur de saint Martin – 8 000 octosyllabes rédigés en six semaines.
Le texte est loué ou vendu aux organisateurs de spectacle.

Public :
le fait que les places étaient payantes exclut que tous pouvaient y assister – un quart du salaire journalier d’un ouvrier.
Cependant ce sont des spectacles qui réunissent une grande partie de la population

Déroulement de la représentation :

-          Préparation : de quelques mois à un an (la Passion donnée à Mons)
-          La veille du spectacle : la troupe parcourt la ville en cortège
-          Le spectacle se déroule de façon pratiquement continue de 8 heures du matin à 5 heures de l’après-midi, avec une pause pour le déjeuner et aussi en cours de matinée et d’après-midi.
-          Le spectacle peut s’étendre sur plusieurs jours, selon la longueur des Mystères.
-          Public nombreux : entre 1 500 et 4 000 spectateurs.

Chronique de la fin du XVe siècle, à propos de la représentation du Mystère des Actes des Apôtres :
« les jeux [furent] excellemment joués par des hommes graves et qui savaient si bien feindre par signes et gestes les personnages qu’ils représentaient que la plupart des assistants jugeaient le chose être vraie et non feinte. »

Spectacles qui assurent le lien entre le temps christique et le temps présent : à Valenciennes en 1547, les spectateurs réclament leur part des pains miraculeux multiplés par le Christ : « les cinq pains furent semblablement multipliés et distribués à plus de mille personnes ; nonobstant quoi, il y en eut plus de douze corbeilles de reste. »[1]

 [1] Textes cités dans Henri Rey-Flaud, Le Cercle magique, essai sur le théâtre en rond à la fin du Moyen-Âge, 1973.



[1] Textes cités dans Henri Rey-Flaud, Le Cercle magique, essai sur le théâtre en rond à la fin du Moyen-Âge, 1973.

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