samedi 14 avril 2012

Les fables théoriques de Stanley Fish, article de Marc Escola, in Revue des livres

Un compte rendu intéressant de la traduction française de plusieurs essais de Stanley Fish, qui développent la notion de communauté interprétative pour essayer de rendre compte du phénomène de la lecture et de l'interprétation des textes.


Dans la revue des livres, décembre 2007


http://www.revuedeslivres.fr/les-fables-theoriques-de-stanley-fish-marc-escola/


deux jolies fables assez célèbres, du moins, présentes chez Compagnon dans le chapitre sur la lecture dans le Démon de la théorie :
- Y a-t-il un texte dans cette classe ? sur l'instabilité du sens et sur le fait que les interprétations que construit chaque lecteur particulier sont en réalité conditionnées par l'appartenance à une communauté interprétative.


- La production par des étudiants d'une interprétation littéraire de notes d'un cours précédent laissées au tableau comme d'un poème anglais du XVIIe : "c'est le fait de prêter un certain type d'attention qui conduit à l'émergence de qualités poétiques".


C'est notamment sur cette deuxième fable qu'il faudrait revenir, sur son aspect provoquant et somme toute assez discutable dans ses conclusions :
la classe est tout de même une communauté d'interprétation bien particulière, régie par un rapport d'autorité bien particulier : les étudiants ne "lisent" pas le texte, ils font un exercice qu'on leur a demandé de faire et auquel ils adhèrent (?) d'une façon bien particulière qui est assez différente de ce qui se passe dans la lecture.
Fish pointe évidemment un problème intéressant, très intéressant mais la radicalité de la situation choisie (le cadre de l'institution scolaire qu'est le cours d'université) mériterait d'être mieux mis en avant.
De même, cette fable repose ici sur une tromperie, rendue possible par la relation d'autorité qui existe entre le prof et ses étudiants. Il ne s'agit de s'indigner moralement de cette tromperie qui n'est pas bien grave et ressemble plus à une bonne blague, mais plutôt de voir qu'elle pointe encore une choix sur la spécificité de la situation, le poids de la relation d'autorité qu'elle suppose.


Par ailleurs, j'ai un peu l'impression qu'on se met ici dans la situation de l'oeuf, de la poule et de la fameuse question de l'antériorité. Position de Fish : provocation qui consiste essentiellement à renverser la position conventionnelle défendue par une approche positiviste des textes. L'intérêt de sa position : sortir d'une relation purement causale entre texte et interprétation pour reconfigurer cette relation.


Le troisième essai : passage du modèle de la critique conçue sur le modèle scientifique (prouver) à un modèle pensé comme persuasion.

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