vendredi 17 juin 2011

quelques réflexions sur la poésie, tirée de l'articel "fiction et diction" de Gérard Genette dans

Dans le bel article où il réfléchit sur les frontières du littéraire, Gérard oppose au sein du "régime constitutif" de la littérarité le critère thématique définissant le littéraire par son contenu (les faits de fiction) au critère rhématique - d'abord nommé formel - où le littéraire tient "au caractère du texte lui-même et au type de discours qu'il exemplifie" (diction). Au sein de l'approche rhématique, c'est la forme poétique qui définit constitutivement la littérarité.



Dans un premier temps, Genette s'est attaché à l'approché thématique comme réponse à la question "qu'est-ce que la littérature?" - approche illustrée fondamentalement par Aristote dans sa Poétique.


La transition vers l'approche vers l'approche rhématique se fait avec La Logique des genres littéraires, Käte Hamburger - qui se situe dans la tradition aristotélicienne :
substitution à la triade épique-dramatique-lyrique, le couple fiction (dramatique ou narrative)/poésie lyrique :
Au sein de la Dichtung, seulement deux "genres" fondamentaux : le fictionnel (ou mimétique) et le lyrique, mais définis au niveau de l'énonciation - en rupture avec le régime ordinaire de la langue.

  • dans la fiction, non pas des énoncés de réalité, mais des énoncés fictionnels dont le véritable "je-origine" n'est pas l'auteur ni le narrateur, mais les personnages fictifs.
  • dans la poésie lyrique, nous avons affaire à des énoncés de réalité, dont la source reste indéterminée, car le "je lyrique" ne peut être identifié avec certitude ni au poète ni à personne de déterminé.
"L'énonciateur putatif d'un texte littéraire n'est jamais une personne réelle, mais ou bien (en fiction) un personnage fictif, ou bien (en poésie lyrique) un je indéterminé." (Ici, Genette rapproche la solution proposée par Käte Hamburger de celle de Batteux pour intégrer le lyrisme à la fiction).


Käte Hamburger "définit le lyrique par une attitude d'énonciation plus que par un état du langage" : pas d'opposition du "caractère essentiellement thématique du critère fictionnel" à "un caractère symétriquement formel du critère poétique".


Genette trouve "le critère proprement formel (...) comme pendant symétrique du critère thématique de la tradition aristotélicienne" dans la tradition du romatisme allemand.
Romantisme allemand § Mallarmé § Formalisme russe
"Idée d'un "langage poétique" distinct du langage prosaïque ou ordinaire par des caractéristiques formelles attachées superficiellement à l'emploi du vers, mais plus fondamentalement à un changement dans l'usage de la langue - traitée non plus comme un moyen de communication transparent, mais comme un matériau sensible, autonome et non interchangeable, où quelque mystérieuse alchimie formelle, refaisant "de plusieurs vocables un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire", "rémunère le défaut des langues" et opère l'"union indissociable du son et du sens"."
(définition du langage poétique que Genette, selon ses propres termes, "raboute" à partir de "quelques lambeaux de formules de Mallarmé et de Valéry")


Image de Valéry pour opposer prose et poésie : " la poésie est à la prose ce que la danse est à la marche, c'est-à-dire un emploi des mêmes ressources, mais "autrement coordonnées et autrement excitées", dans un système d'"actes qui ont (désormais) leur fin en eux-mêmes"."
Prose : a pour fonction de s'abolir dans sa compréhension et dans son résultat /
Poésie : le texte poétique ne s'abolit qu'en lui-même ; sa signification n'efface pas sa forme.


Aboutissement théorique : la notion de fonction poétique chez Jakobson comme "accent mis sur le texte dans sa forme verbale - une forme rendue par là plus perceptible et en quelque sorte intransitive."
"En poésie, la foction communicative, propre à la fois au langage commun et au langage émotionnel, est réduite au minimum". (Jakobson, 1919)
"La poésire, c'est le langage dans sa fonction esthétique".

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