dimanche 30 octobre 2011

Génie : prise de notes à partir de deux articles (1)

Prise de notes :

Le dictionnaire du littéraire, sous la direction d'Alain Viala, Denis Saint-Jacques et de Paul Aron (PUF, 2002)

Article "génie" (José-Luis Diaz)

double définition :
1) "force créatrice de l'écrivain ou de l'artiste, surtout quand elle est extraordinaire"
2) par métonymie, l'artiste lui-même.

Evolution de la notion :
double étymologie :

  • "forces démoniques" (genius)
  • intelligence organisatrice (ingenium)
Au XVIIe siècle, le "génie" désigne la nature propre de chaque artiste que celui doit connaître afin de ne pas s'égarer sur ses capacités. "Loin de rendre hommage aux pouvoirs illimités de l'esprit, on raisonnait en termes de limites "génériques" à ne pas excéder."

Au XVIIIe siècle, trois conceptions coexistent :
  1. au début du siècle (les philosophes "beaux esprits" - de La Mothe, Dubos) le génie est conçu comme "une grande agilité intellectuelle".
  2. A l'âge encyclopédique (1750-75), "énergie d'invention donnée par la nature à l'homme sensible". Article "Génie" dans l'Encyclopédie (1757)
  3. A l'âge préromantique, "la notion se charge de sacralité, désigne un être exceptionnel tant par ses dons de création que par les malheurs que ce don, incompris par ses contemporains ordinaires, lui vaut.
- Au XVIIe et durant le 1er XVIIIe, le génie est affaire de "tempérament"; "toutes les facultés intellectuelles étaient censées y participer" (...) "pas seulement l'imagination." Il se définit comme une "combinatoire apte à saisir les rapports inaperçus du commun des mortels".

- Avec les années 1760, rupture : 
le génie s'oppose à l'esprit, au talent, au goût. Le génie se définit comme un individu "exceptionnel sur lequel les événements du monde laissent une empreinte plus profonde". "Expérience existentielle despotique qui engage l'homme sensible tout entier."

- Age préromantique : insistance sur la pathologie et le désordre lié au génie. 

Variations de l'âge romantique :
  • topos du lien du génie et de la mélancolie.
  • Hugo, William Shakespeare (1864), le génie devient un être "responsable et paternellement secourable, il est un être d'outrance et d'intempérance, un "franchisseur de limites", météore ou comète."
Réaction de la génération suivante (Renan, Flaubert, Proudhon) : 
  • Renan, refus de l'individualisme supposé par la notion.
  • Flaubert, Dictionnaire des idées reçues : "Inutile de l'admirer, c'est une névrose."
Aujourd'hui, épuisement de la notion, absente de la réflexion théorique mais toujours présente dans la pensée commune. 
Notion qui tente de rendre compte du "mystère" de la création artistique - de façon équivalente, à l'époque romantique, de la notion de "fureur" et d'"enthousiasme" à l'époque ancienne.

Refus de la notion aux époques rationalistes :
  • époque classique de Boileau et Malherbe
  • post-romantisme : Flaubert citant Buffon : "le génie, c'est la patience"
Valéry : "La manie du "Génie". Erreur, ravages et destructions, stupidités et gâchage dus à l'idée du génie tel que le XVIIIe siècle et les romantiques l'ont forgée. Le delirium. Le prophétisme. L'incohérence divinisée. (...) Le trucage du hasard. (...) le désir d'avoir du génie pousse à la recherche mécanique de paraître en avoir." (Cahiers, 1915-1016)




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