dimanche 30 octobre 2011

Léon Vandermeersch, L'art des jardins dans les pays sinisés : Chine, Japon, Corée, Vietnam

En passant, comme ça, sans aucun rapport avec les précédents articles, un article de Léon Vandermeersch autour de l'art des jardins, en introduction au numéro 22 d'Extrème-Orient/Extrème-Occident.


http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_2000_num_22_22_1111#


Je cite ci-dessous le début de cette introduction où l'auteur tente de définir la nature du jardin oriental :


Du jardin chinois, on pourrait plutôt dire qu'il est conçu comme trait d'union entre nature et culture : nature du paysage qui l'entoure, avec lequel il est toujours en continuité, et culture habitant les constructions qu'il encadre, ouvertes sur lui par maints élégants ajours qu'il imbibe de toutes ses perspectives. L'histoire des jardins d'Extrême-Orient est faite des variations de la manière dont, par capillarité en quelque sorte le long de ce trait d'union, la nature a pu diffuser dans la culture sinisée, et inversement cette culture dans la nature extrême-orientale. D'une part, les jardins extrême-orientaux, qu'il s'agisse de jardins taoïstes, de jardins bouddhistes, de jardins zen, de jardins impériaux ou de jardins lettrés, ont subtilement exalté la conscience du tianren heyi (天人合一), de la communion fusionnelle du ciel et de l'homme. D'autre part,  la pénétration de l'art des jardinistes des pays sinisés par la peinture, la calligraphie et la poésie - au lieu de la géométrie comme en Occident ainsi que, dans une moindre mesure, dans  l'Asie du Sud et du Sud- Est comme l'indique Jacques Dumarçay -, a imprégné la perception extrême-orientale de la nature d'une spiritualité qui sublime le moindre paysage aux dimensions du cosmos.




Une ou deux remarques à propos de tout ça :


- Sur la question de la présence de la géométrie dans les jardins d'Asie du Sud ou d'Inde, Nakumura Hajime, grand spécialiste japonais du bouddhisme - en particulier du bouddhisme indien des origines - remarquait l'opposition entre les étangs des jardins indiens et japonais représentant la Terre pure de l'ouest, c'est-à-dire le Paradis d'Amida (Amitâbha) : rectangulaires en Inde, ils ont une forme non-géométriques au Japon (par exemple, le jardin du Byôdôin à Uji, près de Kyôto) ; par contre, dans les mandalas (au Japon) qui représentent la Terre Pure, le Japon a gardé le modèle iconographique indien avec l'étang rectangulaire...


- Il faudrait sans doute nuancer d'ailleurs cette opposition entre un jardin occidental dominé par la géométrie et un jardin oriental pénétré par la poésie, la peinture, la calligraphie. La peinture, la poésie sont tout aussi consubstantielles aux jardins occidentaux mais probablement de façon assez différente. Des pistes : la poésie des jardins (Théophile de Viaux, "La Maison de Sylvie", La Fontaine, "le Sonde de Vaux"...), la présence de la poésie (ou de la culture classique) à travers la statuaire antique...





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire