Prise de notes d'après l'ouvrage de Génetiot, Le Classicisme (p.247-264)
"Les fins de la fable : plaisir et instruire"
1/ Utile dulci
Le lieu commun horatien
Question des fins de la création littéraire :
Une série de glissements :
Passage d'Aristote (neutre moralement) à Horace, "déplacé et exagéré au seul profit de l'enseignement moral".
Aristote, le plaisir de l'imitation, plaisir d'abord intellectuel avant d'être esthétique, celui de la reconnaissance du référent :
"On se plaît en effet à regarder les images car leur contemplation apporte un enseignement et permet de se rendre compte de ce qu'est chaque chose." (1448b 15-17)
Dans l'optique artistotélicienne, pas de finalité d'instruction, pas de dimension morale à la catharsis non plus.
En fait, la conception des fins de la littérature au XVIIe s'appuie sur Horace, Epitre aux Pisons (343-344)
Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci
Lectorem delectando pariterque monendo
Il enlève tous les suffrages celui qui mêle l'agréable à l'utile,
sachant à la fois charmer le lecteur et l'instruire.
- Point de départ que le XVIIe, marqué par l'esprit de reconquête de la Contre-Réforme, va développer.
1561 Scaliger, La Poétique : débat entre les théoriciens pour le plaisir (Castelvetro, Robortello, Guarini) ou pour l'instruction (Ronsard, Vauquelin de La Fresnaye).
Le Tasse, Discours du poème héroïque (1594) : concilier plaisir et instruction.
"La poésie est donc (...) imitation d'actions humaines, dans le but d'instruire par le plaisir"
le plaisir "doit être comme le miel dont on enduit le verre pour donner un remède aux enfants".
Les théoriciens français reprennent cette théorie où le plaisir est subordonné à l'utile :
Préface de Chapelain à l'Adonis de Marino (1623) :
- "La fin de la poésie étant l'utilité, bien que procurée par le moyen du plaisir, il y a apparence que ce qui a l'utilité pour l'objet, c'est-à-dire ce qui tend à l'utilité, soit plus estimable en icelle que ce qui n'a pour objet que le plaisir seulement, c'est-à-dire qui se termine au plaisir."
- mise en place d'une interprétation morale de la catharsis : "l'utilité de la poésie consiste en la purgation des passions vicieuses."
- "le but principal de toute représentation scénique est d'émouvoir l'âme du spectateur par la force et l'évidence avec laquelle les diverses passions sont exprimées sur le théâtre, et de la purger par ce moyen des mauvaises habitudes qui la pourraient faire tomber dans les mêmes inconvénients que ces passions tirent après soi." (Lettre sur la règle des vingt-quatre heures).
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