Entretiens de Jack Goody avec Nicolas Journet, Sciences Humaines, Hors-série, Le Monde de l'image
Prise de notes
- Refus de considérer que certaines civilisations seraient en soi aniconiques : tolérance du judaïsme pour l'image peinte, mais non gravée ; les crises iconoclasmes du christianisme (VIIIe byzantin, XVIe protestant); aniconisme du bouddhisme primitif (avant la venue des Grecs et la civilisation des Koushans/Kouchans).
- Pour Goody, le problème se trouve dans la représentation elle-même, dans la fabrication et l'usage des images, qui entraîne une attitude ambivalente : rejet (ou indifférence) ou culte. Toute image - ou toute représentation - est suscepte d'infidélité, de facticité.
- refus de l'image et représentation du sacré : pourquoi l'iconoclasme touche d'abord le sacré ? parce que le sacré est en soi ce qui ne doit pas être mis en doute. Par exemple, même dans les cultures iconiques, le dieu suprême a tendance à ne pas être représenté : Brahma dans l'hindouisme ; dans l'Afrique subsaharienne, les dieux secondaires ou animales, les ancêtres sont représentés mais pas le dieu créateur - ou sous une forme géométrique.
- Problème logique inhérent à la représentation du dieu suprême, supposé précédé toute réalité créée.
- Problème d'usurpation du pouvoir créateur divin ; ambiguïté du culte rendu aux "fétiches" : qu'est-ce qui est adoré ? La divinité, réalité supérieure à l'homme, ou le pouvoir créateur humain ? D'où, le recours à des solutions comme celle où l'image "trouvée" - acheiropoiète - est valorisée (dans le christianisme orthodoxe, dans l'hindouisme) car elle échappe à toute intention humaine et ne peut donc tromper (les vierges noires, le saint suaire, les lingam hindouistes) - passage d'une logique de l'image à celle de la relique, qui est fragment de l'objet du culte.
- Problème du statut de l'image photographique, image produite sans la main de l'homme.
- Le statut de l'image dans les sociétés sans écriture : pour la plupart, elles pratiquent des arts figuratifs. Mais certaines, non (les Tallensis du Ghana par exemple qui ne produisent que des symboles abstraits géométriques). Pour Goody, ce n'est une ignorance de la figuration, mais un choix de s'en passer. Ce rejet pour Goody est ici de nouveau motivé par une inquiétude face à l'ambivalence des images, occupant une place entre mensonge et vérité.
- La question des images qui échappent à la question de la vérité : l'espace de la fiction.
- Cas de sociétés iconodules cultivant l'image sacrée, mais ne pratiquant pas l'image profane (l'Italie d'avant le XVe)
- Le problème des images se pose de la même façon pour le théâtre ou le roman.
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