Repris sur archive.org, le texte de l'abbé d'Aubignac qui clôt la Pratique du théâtre (1657).
Texte important s'inscrivant de façon explicite dans le cadre de la politique menée par Richelieu pour rétablir le théâtre français dans sa dignité.
Examen des arguments des anciens pour condamner le théâtre et leur réfutation.
Texte important s'inscrivant de façon explicite dans le cadre de la politique menée par Richelieu pour rétablir le théâtre français dans sa dignité.
Examen des arguments des anciens pour condamner le théâtre et leur réfutation.
PROJET
Pour le Rétablissement du Théâtre François.
Les causes qui empêchent le Théâtre François de continuer le progrès qu'il
a commencé de faire depuis quelques années, par les soins et les liberalitez de
feu Monfieur le Cardinal de Richelieu, se peuvent réduire à six chefs :
Le premier est, la Créance commune, Que d'assister c'est pêcher contre les
règles du Christianisme.
Le second est, l'infamie dont les Loix ont noté ceux qui font la profession
de Comédiens publics.
Le troisième est les défauts & les manquemens qui se rencontrent dans
les Representations.
Le quatrième, les mauvais Poèmes qui s'y representent indifféremment avec
les bons.
Le cinquième , les mauvaises Décorations.
Et le sixième , les Desordres des Spectateurs.
Pour commencer par la Créance commune, il est vrai que les anciens Pères de
l'Eglise ont toujours défendu le Théâtre aux Chrétiens, & cela pour deux
raisons. La première (qui n'a point encore été reconnue de perfonne) est que la
Répresentation des Comédies etoit anciennement un Acte de Religion, & faisoit
partie du culte des faux-Dieux; cela est fans doute, & facile à montrer par
mille témoignages des plus fameux Ecrivains de l'Antiquité. Et les premiers
Pères de l'Eglise ont condamné les Chrétiens qui y assistoient, comme participans
à l'Idolâtrie, à laquelle ils avoient renoncé par le Baptême : ce que l'on
peut reconnoitre aisement dans tous les écrits de Minutius, de Tertulien, de S.
Cyprien, de S. Augustin,de Lactance & de tous les autres.
La seconde raison étoit fondée sur les impuretez qui s'y disoient, &
qui s'y representoient par les Mimes, Pantomimes, Sauteurs, et Bateleurs qui
avoient pour leur partage les Dithyrambes, Phales, Ithyphales, les Priapées,
& autres reprefentations honteuses & deshonnêtes, propres au culte de
Bacchus, à qui le Théâtre étoit consacré comme à son Auteur, & de Venus sa
Compagne.
Quant à la première raison, qui concernoit la Religion Payenne, elle cesse
maintenant; puis que les Comédies ne sont que des divertissemens agréables, &
non plus des cérémonies d'impiété à l'honneur des Ido!es ; mais il est
necessaire d'en bien instruire le Public.
Pour la seconde raison, bien qu'elle ait été absolument bannie du Théâtre
de feu Monsieur le Cardinal de Richelieu , il en reste encore néanmoins quelque
trace sur ceux du Public , non seulement dans des Farces sales &
des-honnêtes ; mais encore dans les Poèmes où les Auteurs, par un mauvais désir
de plaire au petit peuple, répresentent des Histoires impudiques & de
mauvais exemple : ce que les Chrétiens ont sujet de condamner, & qu'un
homme d'honneur n'approuvera jamais ; & jusqu'à tant que le Théâtre soit
aussi pur devant le peuple qu'il l'étoit devant M. le Cardinal de Richelieu,
l'on aura juste sujet de croire qu'il est contre la sainteté de l'Evangile
& contre les bonnes mœurs.
A l'égard de l'Infamie de ceux qui montent sur le théâtre elle étoit juste
autrefois, mais maintenant elle ne l'est plus.
Pour bien entendre ce point , il faut fçavoir , Qu'il y avoit deux fortes
d'Acteurs parmi les Anciens, les Mimes
& Bateleurs, dont nous avons parlé; & les Comédiens dont le nom comprend maintenant ceux qui jouoient les
Comédies & les Tragédies. Et comme ces deux sortes de gens étoient
differens aux choses qu'ils representoient, en la manière de representer, aux
lieux où ils jouoient, & aux habits qu'ils portoient, ainsi qu'on le peut
prouver aisément, ils furent aussi traitez différemment.
Les premiers furent déclarez infâmes dans les derniers temps par les
Romains, encore qu'au commencement cela n'eût pas été parmi eux, non plus que parmi
les Grecs.
Mais les Comédiens n'ont jamais reçu cette disgrace, aiant toujours été
traitez avec honneur par les personnes de grande condition, & capables de
toute societé civile : ce que l'on peut justifier par beaucoup de rencontres,
& même de ce que les Poètes Dramatiques, dont aucuns ont été Généraux
d'Armée, jouoient quelquefois eux-mêmes le principal Personnage de leurs Pièces ;
& s'ils ont été quelquefois maltraitez à Rome après la mort des Tyrans sous
lesquels ils avoient servi, ce fut par maxime d'Etat comme amis des mauvais
Princes, & non par règle de Police comme ennemis des bonnes mœurs.
Or en France la Comédie a commencé par quelque pratique de pieté , étant
jouée dans les Temples, & ne representant que des Histoires saintes ;
mais elle dégénéra bien-tôt en Satyres & bouffonneries, autant contraires à
l'honnêteté des mœurs, qu'à la pureté de la Religion. Elle fut quelque temps
ainsi mal-traitée par les Basochiens qui furent comme les premiers Comédiens en
ce Roiaume; & enfin par les Bateleurs publics, parmi lesquels elle a
demeuré plusieurs années, avec autant de honte que d'ignorance, jusqu'à n'avoir
pas seulement une toile pour cacher les Acteurs qui n'avoient plus rien à faire
sur la Scène , & jufqu'à rendre la focieté des Comédiens comme une Troupe
de perdus & de débauchez; & la licence de cette vie attirant beaucoup
de jeunes hommes par diverses considérations, les Rois les notèrent d'infamie pour
divertir de cette débauche licentieuse les enfans de bonne famille par la honte
publique, & la crainte d’etre à jamais incapables d'approcher les gens
d'honneur.
Et comme la Comédie ne recevoit aucune perfection dans l’art, ni aucune
correction dans les mœurs, elle a été long-temps peu recherchée, & ceux qui
en ont fait profession, toujours mesestimez ; de sorte que les personnes
de condition relevée ont refusé d'imiter les Anciens, c'est à dire de
contribuer comme eux aux dépenses necessaires pour lui rendre son éclat, parce
qu'ils ont cru que c'eût été entretenir l'exemple du vice, & autoriser l’infamie
de cette débauche.
De ces deux considérations est venue la troisième cause, qui arrête le
progrez de la Comédie, je veux dire, les
défauts des Representations.
L'estime que les Anciens ont fait de la Comédie, donnoit sujet à beaucoup
d'habiles gens d'en faire profession, & comme la gloire des Magistrats qui
en avoient soin, & la fortune des Choragues ou Entrepreneurs, avec lesquels
ils traittoient , dependoient de la réussite des Jeux, ils prenoient beaucoup
de peine à choisir de bons Acteurs, & à leur faire tout exécuter
parfaitement; si bien qu'ils avoient diverses Troupes de Comédiens, & fort
excellens ; au lieu que jusqu'ici peu de perfonnes instruites aux bonnes
lettres ont monté sur Théâtre, en étant retenus, ou par la créance de pêcher,
ou par la crainte de l'infamie : de sorte que ceux qui s'en mêlent, etant
la plupart ignorans aux Spectacles, ils les rejettent, ou en négligent la
représentation ; & n'aiant connoissance des passions, voire même ne sachant
qu'a peine la langue Françoise, ils expriment imparfaitement ce qu'ils recitent
, & fouvent au contraire de ce qu'ils doivent. Au reste quand il s'est
trouvé quelque bon Auteur digne de l'ancien Théâtre, il a presque toujours été
mal fécondé ; & lors qu'il a manqué, il a presque été impossible d'en
réparer la perte, ce qui met la Comédie à la veille de sa ruine.
La quatrième cause fondée sur les mauvais
Poëmes ne regarde point les Modernes qui ont établi leur estime par
beaucoup d'Ouvrages excellens, mais voici ce qu'il y faut considerer.
Il eft bien mal-aisé que les Anciens nous ayent laissé beaucoup de mauvaises
Pièces de Théâtre, parce qu'elles étoient & vues & examinées par les
Magistrats ; & qu'ils travailloient pour la gloire seulement, &
pour obtenir un prix qui étoit ajugé avec beaucoup de cérémonie, en de saintes
& grandes solemnitez, à celui qui avoit le mieux satisfait les Juges & les
Spectateurs ; mais nous sommes bien éloignez de cette méthode.
A l'origine de la Comédie, comme nôtre Poësie étoit très-mauvaise en la
vérification , elle fut aussi fort defectueuse aux Pièces de Théâtre ;
& j'en ai vu qui étoient composées de quarante-huit Actes, ou Scènes, sans
aucune autre distinction. Au siècle de Ronsard elle commença à se former par Jodelle,
Garnier, Belleau, & quelques autres qui se contentoient
de faire de beaux discours, mais trop grands , & sans
aucun art , ni representation agréable. Hardy fit au contraire, cherchant à
plaire au peuple par la variété des choses representées ; mais sans aucune
connoissance du Théâtre que sa neceffité ne lui permit pas d'étudier :
Enfin feu M. le Cardinal de Richelieu soutenant les veilles & les travaux
des Poètes par ses bienfaits, a mis la Comédie en l'état où nous la voîons maintenant
paroitre, bien éloignée néanmoins encore de sa perfection, & même de celle
qu'elle avoit acquise de son temps.
Car comme
il naît tous les jours de nouveaux Poëtes par le desir de la gloire ou de la
recompense , & qu'ils ne peuvent pas être tous excellens, on void bien souvent
sur le Théâtre des Poèmes qui ne sont pas dignes d'y monter, ce qui procède du
peu d'experience, & quelquefois de la presomption des nouveaux Poètes, &
même de l'ignorance des Comédiens qui sont seulement capables de juger de
certaines choses, & non pas de toutes ; à fçavoir, de celles qu'ils
ont pratiquées, & non pas des nouvelles inventions, & sur tout du peu
de soin qu'ils prennent à repasser & éprouver leurs Pièces devant des personnes
capables, avant que de les exposer au public : Ajoutez la difficulté qu'il
y a de juger d'une Pièce de Théâtre par la lecture ; car souvent il arrive
que les moins agréables à lire, sont les plus parfaites en la reprefentation ;
& qu'au contraire, celles que l'on trouve merveilleuses sur le papier, se
trouvent quelquefois tres-defectueuses sur le Théâtre, la raison est , la
différence qu'il y a de s'imaginer une action dans la lecture, ou de la voir devant
ses yeux dans la representation. Les choses belles à dire, ne le sont pas
toujours à faire, la douceur de la lecture rend certaines choses agréables, &
en fait passer d'autres pour molles & foibles ; au lieu que la
véhémence du Récit change les agréables en indécentes, & fortifie les
foibles : Tous lesquels défauts des Representations, diminuant
l'excellence des Comédies, decréditent les Acteurs & les Poëtes, &
entretiennent le peuple dans la créance que le Théâtre n'est pas une bonne chose.
La
cinquième cause touchant les Décorations est encore très-imposante, chez les
Anciens, les Magistrats & autres grands Seigneurs, qui donnoient au peuple
les divertissemens des Spectacles, ou par l'obligation de leur charge, ou pour
acquérir la bienveillance publique, en faisoient toutes les décorations à leurs
dépens, les Comédiens n'y contribuoient en rien ; de forte qu'elles
étoient parfaites , magnifiques & trèsconvenables au deflein du Poète,
& cela ne doit pas être contesté.
Mais
maintenant ce sont nos Comédiens , quoi que peu accommodez en leurs affaires,
qui font tous ces frais, & qui pour se soulager y emploient le moins qu'il
leur ait possible, rendant par ce moien les Décorations du Théâtre imparfaites,
très mauvaifes, & tout-à-fait indignes des inventions de nos Poètes.
Quant aux Desordres des Spectateurs , il faut considerer
qu'il n'y eût jamais de seureté pareille à celle des Théâtres anciens, où tout se
faisoit par l'ordre des Magistrats presens ; ce que l'on peut justifier
par de belles observations ; mais parmi nous , il n'y en a point du tout,
par la licence que plusieurs mal-vivans ont de porter l'épée dans les lieux destinez
aux divertissemens publics, & d'y attaquer insolemment des gens d'honneur,
qui n'ont point d'autres armes pour leur defence que l'authorité des Loix.
Davantage
dans l'ancien Théâtre tout y étoit si paisible, que les femmes, qui n'osoient
presque sortir de leur appartement, y alloient avec leurs enfans en toute
liberté.
Mais ici
les Representations font incessamment troublées par de jeunes débauchez , qui
n'y vont que pour signaler leur insolence, qui mettent l'effroi par tout ,
& qui souvent y commettent des meurtres.
Ajoutez que
les sieges des Spectateurs étoient autresfois si bien ordonnez, que chacun
étoit placé commodément, & que l'on ne pouvoit faire aucun desordre pour
changer de place ; au lieu que maintenant les Galleries, & le Parterre
font très-incommodes, la plupart des loges étant trop éloignées & mal situées,
& le Parterre n'ayant aucune élévation , ni aucun siege : Si bien que
la feureté n'y étant point, les gens d'honneur ne s'y veulent pas exposer aux
Filoux, les Dames craignent d'y voir des épées nues, & beaucoup de personnes
n'en peuvent souffrir l'incommodité : ainsi le Théâtre étant peu fréquenté
des honnêtes gens, il demeure décredité comme un simple Bâtelage, & non pas
estimé comme un divertissement honnête.
(a) Pour
remédier à tous ces desordres, il est necessaire avant toute chose, que le Roi
fasse une Déclaration qui porte d'une part, Que les Jeux du Théâtre n'étant
plus un acte de Religion & d'Idolâtrie, comme autresfois, mais seulement un
divertissement public ; & d'un autre côté que les Representations y étant
réduites dans l'honnêteté, & les Comédiens ne vivant plus dans la débauche
& avec scandale : (ce qui avoit obligé les Rois ses predecesseurs de
les déclarer infâmes) Sa Majefté lève la notte d'infamie décernée contr'eux par
les Ordonnances & Arrêts ; avec defence neantmoins de ne rien dire ni
faire sur le Théâtre contre les bonnes mœurs, sous les peines qui sont portées,
ni de commettre aucune action en leur vie particulière contre l'honnêteté , à
peine d'être chassez du Théâtre, & de retomber dans la première infamie
dont ils avoient été notez.
Et pour y
conferver la bien-feance, Ne pourront les filles monter sur le Théâtre, si
elles n'ont leur père ou leur mère dans la Compagnie. Que les veuves feront
obligées de se remarier dans les six mois d'après l'an de leur deuil au plus
tard , & ne joueront point dans l'an du deuil, sinon qu'elles fussent
remariées.
Pour
l'exécution de cette Déclaration S. M. établira une personne de probité &
de capacité comme Directeur, Intendant, ou Grand-Maître des Théâtres & des
Jeux publics de France, qui aura soin que le Théâtre se maintienne en
l'honnêteté, qui veillera sur les actions des Comédiens, & qui en rendra
compte au Roi, pour y donner l'ordre necessaire.
Par ce
moien les deux premières causes qui empêchent le rétablissement du Théâtre cesseront ;
on y assistera sans scrupule de conscience, l'impureté en étant retranchée ;
& l'on aura les Comédiens, en bonne estime par la créance de leur bonne vie,
sur tout quand on verra qu'ils n'y pourroient être maintenus autrement. Ce fut
par une semblable Déclaration que les Empereurs Romains reformèrent le Théâtre
quand il fut corrompu.
(a) La troisième
cause cessera pareillement, car cette profession n'étant plus infamante, ceux
qui s'en trouveront capables , s'y presenteront librement par l'espoir du gain
& de l'honneur ; & l'Intendant du Théâtre aura lui-même soin d'en
chercher dans les Collèges, & dans les Troupes qui vont par les Provinces ,
& les obligera d'étudier les Reprefentations des Spectacles, aussi bien que
les Récits & les Expressions des sentimens, afin qu'on n'y voie rien que
d'achevé ; Et pour cet effet personne ne pourra être associé dans une
Troupe que par Brevet du Roi, donné sur un Certificat de sa capacité &
probité qui lui fera délivré par l'Intendant, après en avoir fait l'épreuve.
Ainsi l'on n'aura jamais faute de bons Acteurs, & les Representations ne feront
plus defectueuses.
(b) La
quatrième cause qui regarde les Poètes sera traittée avec quelque modération ;
car pour ceux qui sont maintenant approuvez par l'excellence & le grand nombre
de leurs Poèmes, ils seront seulement obligez de faire voir leurs Pièces à
l'Intendant, pour en examiner l'honnêteté & la bien-séance, le reste y
demeurant au péril de leur réputation.
Mais pour
les nouveaux Poètes , leurs Pièces seront examinées par le même Intendant,
& reformées selon tes ordres ; si bien que le Théâtre ne fera point
chargé de mauvaises Pièces, ni les Comédiens sujets d'en recompenser plusieurs
qui leur sont après infructueuses.
(a) Et pour
le rétablissement des Décorations, elles seront faites par les soins de
l'Intendant qui employera des gens habiles aux dépens du public, & non des
Comédiens , qui ne seront chargez d'autres frais que de leurs vêtemens
particuliers, & de la recompense qu'ils donneront aux Poètes ; les
Décorateurs ordinaires ne seront pas même a leur charge.
(b) A
l'égard de la sixième, en ce qui concerne la seureté & la commodité des
Spectateurs , le Roi fera defence a tous Pages & Laquais d'entrer au
Théâtre à peine de la vie, & a toutes personnes de quelque condition
qu'elles soient d'y porter l'épée ni autres armes offensives sur les mêmes
peines ; étant raisonnable que la seureté publique, qui n'y peut-être par le
respect, comme dans les Palais & dans les Temples, s'y rencontre par
l'égalité de ceux qui y assisteront. Pour cet effet deux Gardes ou Suisses du
Roi feront posez aux portes du Théâtre, & changez de temps a autre, pour empêcher
par là ceux qui voudroient contrevenir à son intention : ce qui ne fera
point refusé par ses Gardes, le Théâtre perdant sa première infamie, & fe
retablissant dans l'honneur qui lui est deû.
Et pour la
commodité des Spectateurs, le Parterre doit être élevé en Talut, & rempli
de lièges immobiles, jusqu'à ce qu'on y ait pourvu autrement ; ce qui empêchera
même que les assistans ne s'y battent, n'ayant ancun espace pour le faire.
Mais pour
achever la magnificence du Théâtre, l'Intendant trouvera un lieu commode & spacieux
pour en dresser un selon les modelles qui seront donnez a l'exemple des Anciens ;
en sorte que sa longueur & sa profondeur soient capables de toutes les
grandes Representations , & où les sieges des Spectateurs soient distinguez,
sans que les personnes de condition y soient meslées avec le menu peuple ;
& à l'entour duquel seront bâties au dehors, des maisons pour loger
gratuitement deux Troupes de Comédiens necessaires à la ville de Paris.
Pour
l'achapt de la Place, construction du Théâtre selon le dessein qui en a été
fait, logement des Comédiens, fournissement des Décorations extraordinaires, pensions
des deux Troupes, telles que le Roi les leur a données jusques à present,
appointement de l'Intendant, gages des Décorateurs , entretiens des lieux &
autres frais, se trouvera un fond suffisant sans toucher aux Finances du Roi.
Ainsi l'on
remédiera à l'imperfection des Spectacles que l'on rendra magnifiques &
dignes de la Cour de France & de la ville de Paris ; le peuple par ce
moien aura quelque image des merveilleuses Reprefentations qu'on a vues sur le
Théâtre du Palais Cardinal, & du petit Bourbon & sera moins jaloux des
plaisirs que les Grands doivent recevoir des magnificences de la Cour.
F I N.
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