lundi 5 décembre 2011

La querelle d'Homère (1711-, Fumaroli, Les abeilles et les araignées

Je reprends quelques lignes dans l'essai de Marc Fumaroli sur la Querelle des Anciens et des Modernes à la fin du règne de Louis XIV :
elle "se transforme en un grand débat de l'art avec les techniques, du génie avec la méthode, de la vision poétique avec l'univocité de la déduction logique."

Traité du sublime, traduit par Boileau (1674) : Homère est placé à la source de tout "sublime".
Discrédit jeté sur Homère dans Le Siècle de Louis le Grand (Perrault, 1687)

Raison de cette focalisation sur le seul Homère :
"Le "parallèle" entre l'encyclopédie antique et l'encyclopédie moderne avait abouti à des conclusions parfaitement dissymétriques. Pour les sciences, pour les techniques, les Modernes l'emportent sans discussion sur les Anciens."
Supériorité de
leur "méthode analytique et critique, calquée sur le raisonnement géométrique et mathématique"
versus
"la logique et la rhétorique des Anciens et des humanistes."
Mutation (quand?) de l'image d'Homère :
- époque hellénistique = l'encyclopédiste de l'Homme et de la Nature
- Avec les progrès du savoir, recul sur le seul terrain esthétique : supériorité poétique d'Homère.

"Père de toute poésie, inspirateur de Platon, Homère était le témoin par excellence de ce qui manquait le plus cruellement, malgré leurs assurances du contraire, aux Modernes : le génie créateur de beautés éternellement évidentes, la Nature elle-même faite art. Ses poèmes épiques étaient la synecdoque de l'Antiquité toute entière. Ils étaient à la fois la source de son génie, et la preuve de la supériorité de ce génie sur celui des Modernes. Les admirateurs d'Homère à la fin du XVIIe siècle avaient renoncé, même avec le secours de l'allégorie, à faire voir dans les poèmes homériques des traités de cosmologie et de philosophie naturelle. Ils tenaient d'autant plus à réaffirmer leur génialité artistique et leur sublimité poétique."

Boivin, 1708, extrait d'un Mémoire académique :

L'Iliade et l'Odyssée sont deux grands tableaux dont l'Enéide est le raccourci. Celui-ci veut être regardé de près. Tout doit y être achevé. Les grands tableaux se voient de loin : il n'est pas nécessaire que tous les traits y soient si fins et réguliers. C'est même un défaut dans un grand tableau qu'un soin trop scrupuleux. On prend souvent pour vraie beauté ce qui n'est que parure et ornement étranger. Il n'y a point d'endroit dans le plus beau tableau du plus grand maître où l'on ne puisse ajouter quelque chose en le retouchant. Laissez-le comme il est, c'est un excellent original. Si vous y touchez, il pourra en être plus orné, et avec cela moins beau qu'il n'était auparavant.

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