2. Le XIXème siècle : lente affirmation des lettres françaises
Après l’épisode révolutionnaire et les Ecoles centrales dont le projet est inspiré par les idées pédagogiques des Lumières, en particulier par la volonté d’ouvrir l’enseignement à l’expérience directe, Napoléon en instaurant les lycées impériaux qui deviendront sous la Restauration des collèges royaux marque le retour à une conception de l’enseignement proche de celle de l’Ancien Régime où dominent les « humanités » et l’esthétique classique. Comme au XVIIIème siècle et comme cela sera encore le cas pour la première moitié du XXème siècle, au XIXème, l’enseignement secondaire ne concerne qu’une petite minorité : de 2 à 3% d’une classe d’âge, exclusivement masculine, le reste de la population étant lui intégré peu à peu du siècle à une école primaire qui deviendra obligatoire jusqu’à 13 ans en 1882 – pour l’enseignement secondaire féminin, il faudra attendre 1880. Les « humanités » sont là pour assurer la formation d’une élite destinée à diriger les affaires de l’Etat.
Malgré la volonté, notamment sous le Second Empire, de mettre en place un enseignement ouvert au monde contemporain et en particulier à la littérature nationale – notamment avec la « bifurcation » (1852) et « l’enseignement secondaire spécial » (1865) –, l’hégémonie des études latines perdurera jusqu’aux grandes réformes des années 1880. Il suffit de regarder le « plan d’études » de 1852 du Ministère de l’Instruction et de comparer les horaires prévus pour l’explication des auteurs français (10 minutes par jour, le plus souvent en fin de journée) et celle pour les auteurs latins (45 minutes par jour) – mais en 1890 encore le français ne représentera que 3 heures hebdomadaires contre 10 pour les langues anciennes.
Le corpus continue à être centré sur la littérature classique, mais s’enrichit de l’introduction des œuvres théâtrales de Corneille, Racine et Molière, mais aussi Voltaire qui n’est pas encore considéré comme l’auteur des Contes philosophiques mais comme un auteur tragique et épique dont les tragédies seront lues dans les classes jusqu’au milieu du siècle – le post-classicisme du XVIIIème disparaissant à cette époque des programmes et le classicisme se recentrant sur le seul XVIIème. Ce sont en particulier les tragédies sacrées (Esther, Athalie, Polyeucte) qui sont choisies – et par contre, des pièces comme Tartufe devront attendre les années 1880 pour être introduite, au grand dam de l’enseignement catholique, hostile aussi au Pascal janséniste des Provinciales.
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