Chapitre 4.
Le cas du Congo belge.
1885 : conférence de Berlin : le Congo est attribué à Léopold II de Belgique – 1908 Congo belge.
2 langues officielles : le français et le flamand.
L’enseignement est d’emblée laissé au soin des missions religieuses.
Encadrement de l’enseignement : deux circulaires
- Une publiée à Bruxelles en 1929
- Une publiée au Congo belge en 1938
Opposition entre les politiques linguistiques et scolaires françaises et belges :
- La France exporte son modèle jacobin centralisateur
- La Belgique : plus attentive à l’existence des langues africaines.
Reconnaissance du flamand comme langue officielle : 1898
Situation complexe :
- deux ensembles (Belgique/Congo)
- deux couples : français/flamand
français/ langues africaines
- deux diglossies : français/langues africaines
langue véhiculaires/ autres langues locales
4 langues véhiculaires sur le territoire congolais :
- le lingala
- le ciluba (tshiluba)
- le kikongo
- le swahili (kiswahili)
Organisation de l’enseignement au Congo à partir des années 20 :
1. écoles officielles (« groupes scolaires ») : dans les centres urbains, avec un programme proche de celui de l’école en Belgique – français, langue d’enseignement.
2. Ecoles libres : subventionnées par l’Etat, régies par une convention (1906) entre l’administration coloniale et l’Eglise catholique ; programmes fixés en 1929, puis 38. L’enseignement y commençait en langue africaine, avant de passer parfois au français.
3. Ecoles privées – indépendantes.
4. Les écoles laïques – organisées par l’administration : existence éphémère.
Organisation du cursus :
A. Enseignement primaire – école primaire du 1er degré (2 ans)/ école primaire du 2e degré (3 ans + une 6e année, préparatoire à l’enseignement secondaire, pour les garçons)
B. Enseignement secondaire/écoles spéciales :
1. Garçons : a) école moyenne (4 ans), b) école normale (4 ans)
2. Filles : a) école normale (3 ans), b) école ménagère (3 ans)
Spécificité de la niche écolinguistique du Congo :
Extême variété linguistique avec quelques langues véhiculaires.
Analyse de la « brochure jaune » (1929)
Distinction du contenu d’enseignement en fonction du type d’école :
- Opposition rural/ urbain
- Ecoles primaires du premier degré (2 ans – immense majorité des enfants) : rurales et urbaines : préparer au travail agricole, enseignement des rudiments d’écriture et de lecture dans la langue de l’enfant.
- Ecoles primaires du second degré (purement urbaines ; uniquement l’« élite » du premier degré) : place centrale du missionnaire, directeur et dispensant certains cours, notamment de langue française.
- Ecoles spéciales :
1. sections des candidats commis (destinés à l’administration, aux entreprises privées) – substituer aux employés subalternes européens une main-d’œuvre locale.
Description sémiologique de l’imaginaire que le Blanc a de lui-même : nécessité d’inculquer au futur employé noir un « savoir-vivre » occidentale, de l’« européaniser ».
Envisager une transition des langues indigènes au français.
2. Sections normales
Former des « instituteurs de couleur », « apôtre et modèle »
Retour de l’opposition rural/urbain : exigences moins fortes pour les instituteurs ruraux (simples rudiments de « langue nationale »)
3. Sections professionnelles (ouvrier, artisans, contremaîtres) : la « langue indigène » domine.
« Organisation de l’enseignement libre avec le concours des missions nationales » (1938)
Expression d’une volonté politique nette.
Vision plus nette de la réalité linguistique congolaise : 4 langues véhiculaires sont explicitement dégagées ; choix de ces langues comme langues d’enseignement ; affirmation de la nécessité d’enseigner la « langue nationale » au niveau supérieur – créer un lien entre l’élite congolaise et la métropole.
On retrouve systématisée l’opposition rurale/urbain.
Un révélateur : la controverse de Coquilhatville
Actualité du débat sur les langues d’enseignement.
Coquilhatville, capitale de la province de l’Equateur (aujourd’hui, Mbandaka) : entre 1940-1945, 9953 Congolais et 417 Blancs.
Conflit entre l’inspection diocésaine et les frères des écoles chrétiennes
portant sur la question des programmes à adopter au niveau de l’école primaire de premier degré (question de la langue d’enseignement et question aussi de savoir s’il faut ou non accepter les enfants des campagnes) :
- Programme de l’école publique (i-e, le français)
- Programme de l’école libre
Conflit entre une position assimilationniste (la direction des frères des écoles chrétiennes) et une position indigéniste (l’inspection diocésaine) :
Pour l’inspection, enseigner en français, c’est arracher l’indigène à sa culture et risquer d’en faire un libéral et un athée.
On retrouve dans les années qui précèdent l’indépendance le même débat chez les Congolais mêmes (1952-1955, dans la presse).
La question français/flamand ne se pose jamais réellement : le flamand n’est enseigné qu’après la 2e guerre mondiale de façon limitée et vite abandonné.
Le couple français/langues africaines : situation où les Blancs défendant l’usage des langues africaines et où les Noirs « évolués » penchent pour l’usage du français.
Diversité des enjeux qui traversent le débat sur la langue d’enseignement
Indépendance : opposition entre les partisans du français et des partisans des langues locales.
Dans un premier temps, victoire des premier : Programme national de l’enseignement primaire (1963) avec le français comme langue d’enseignement dès la 1ère année.
Renversement avec Mobutu et la politique d’authencité.
Du côté des partisans des langues locales, un problème surgit : quelle langue choisir ? problème lié à l’extrême diversité linguistique du Congo : Opposition entre
- les partisans des langues véhiculaires
- ceux des langues maternelles.
Diversité des arguments qui recouvrent des intérêts différents.
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