- Chap.6 : perspective sociolinguistique : rôle des villes
1. Faible taux d’urbanisation actuelle (40% contre 50% au niveau mondial), mais en rattrapage. L’urbanisation débute avec les indépendances, au début des années 60.
2. Question de la diversité linguistique africaine (30% des langues du monde) : zone de monolinguisme et zone de plurilinguisme.
3. Ville : lieu de brassage, lieu de contact entre les diverses langues nationales et la langue officielle. Double conséquence :
§ Emergence d’une langue véhiculaire (langue nationale ou français) : la ville, facteur d’unification.
§ Apparition de nouvelles formes linguistiques.
Le rôle du marché : émergence de langues véhiculaires.
§ Dakar (wolof, peul, français/mais + de 20 langues parlées dans la ville)
§ Bamako : bambara
§ Niamey : zarma, haussa
§ Brazzaville : lingala, munukutuba
Dans ce cas, le français ne joue pas de rôle sociologique, mais purement officiel (école, administration, vie politique), parlé par environ 20% de la population.
§ contre-exemple de Libreville (Gabon) : enquête de 1999 : 80 langues parlées (origine de la population : 50% de l’intérieur du pays, 10% de pays voisins), dont 4 langues émergent : français (26,3%), fang (23%), punu (9,2%), nzébi (5,8%).
§ Kigali (Rwanda) : présence d’une langue d’unification, le kinyarwanda – faible taux d’urbanisation (capitale : 10% de la population) dû à la politique coloniale belge, fixant les populations dans les collines.
Situation de contact entre francophonie et angolophonie (raisons géographique et économique).
Emergence du kiswahili comme 3e langue véhiculaire
La forme des langues
L’urbanisation affecte la forme des langues :
§ Wolof : disparition du système de classe.
Niveau lexical : nombre des emprunts au français.
Etude de Ndiassé Thiam : exemple du wolof à Dakard
Simplification/ hypersimplication morphologique des formes de singulier et de pluriel. Tensions entre les locuteurs des différentes formes : les formes urbaines sont contestées par les locuteurs de la forme traditionnelle de la langue, jugées pseudo-européennes/ inversement, les citadins vont juger les formes traditionnelles comme rurales. Opposition (Manessy) : vernaculaire/véhiculaire. Rapport diglossique : forme urbaine = forme haute, forme rurale = forme basse.
Mise en parallèle de l’usage du français et de la forme urbaine du wolof.
Mais nouvelle dimension : revernacularisation due à l’émergence d’une bourgeoisie ne connaissant pas le français.
Parler mixte : syntaxe wolof / voc français.
§ Le lingala (Congo-Zaïre) : unification des formes plurielles (la forme ba se substitue aux autres formes)
Chronique de morts annoncées ?
Question de la réduction du nombre des langues. « L’urbanisation pourrait bien se révéler fatale à la pluralité linguistique. »
Parallèle avec la situation française : la capitale, comme « pompe qui aspirait du plurilinguisme et recrachait du monolinguisme ».
Idem pour Mexico : 73 langues indigènes, mais les migrants parlant une forme dialectale d’espagnol : passage à l’espagnol à la 2e génération, à la 3e pour ceux parlant une langue indigène.
§ Libreville (situation très spécifique) : pour les locuteurs du français, du fang ou du punu, perte de la langue du père ou de la mère.
§ Parallèle possible avec la Côte d’Ivoire.
Analyse d’un point de vue écolinguistique :
Dans une niche écolinguistique plurilinguistique, rapport entre les langues : rapport proie/prédateur – possibilité d’une analyse en termes darwiens.
Rôle des facteurs identitaires comme frein à la diminution des langues.
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