Ch.8 Le temps des indépendances : les politiques linguistiques
Distinction entre les politiques linguistiques officielles et les pratiques sociales.
Langues officielles et langues nationales
Comment gérer, dans le cadre du plurilinguisme africain, les rapports à la langue française, la promotion des langues locales, la formation des jeunes générations, le développement du pays ?
Exception faite de la Guinée, du Rwanda et du Burundi,
Le français est adopté comme langue officielle (langue d’enseignement, de l’administration, de la politique, de la justice)
Dans la réalité, le français n’est pas nécessairement toujours langue officielle (Bénin, Togo, et surtout la Guinée)
Extraits de la constitution de différents pays : présence du français comme langue officielle et affirmation de la volonté d’une promotion des langues nationales – comparaison possible avec la Suisse (opposition entre les langues nationales qui sont régionales et les langues officielles qui ont un statut confédéral – question du romanche.
Définition facile de la langue officielle/ difficulté de définir la langue nationale :
- Langue nationale : toutes langues du pays (Cameroun, Gabon)/ certaines seulement (Burkina, Sénégal)
- Langue nationale et officielle : le kirundi (Burundi), le kinyarwanda (Rwanda),
- Langues nationales véhiculaires : lingala et kituba au Congo-Brazzaville
- Langues nationales d’intercommunication (Bénin)
- Absence de référence à une langue nationale (Centrafrique)
Quelles politiques linguistiques ?
Nécessité de prendre en compte à la fois la réalité linguistique locale :
- Cameroun, Congo : richesse linguistique exceptionnelle
- Rwanda, Burundi : langue d’unification
- Centrafrique : langue véhiculaire largement dominante – sango.
et la politique adoptée face aux langues nationales :
- Cameroun : reconnaissance de toutes les langues comme langue nationale
- Congo : choix de 4 d’entre elles.
Nazam Halaoui : distingue entre 3 politiques :
- Politique d’expectative
- Politique de contribution
- Politique d’engagement
- Pol. d’exceptative : Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon
- Pol. de contribution : choix de confirmer la politique coloniale en conservant le français comme langue officielle
mais mènent aussi une politique de promotion des langues nationales (programme d’alphabétisation, de recherche, exp. d’enseignement dans ces langues) : Mali, Niger, Burkina Faso
- Pol. d’engagement : volonté de réduire la place de la langue coloniale en faveur des langues africaines : Burundi, Rwanda.
Calvet souligne la prédétermination de ces politiques linguistiques : Burundi, Rwanda (pays monolingues), Mali et Niger : peu de langues ; présence ou absence de langue véhiculaire.
Importance aussi des choix politiques :
Quadruple impératif :
- Rapport avec la langue française
- Promotion des langues locale
- Formation des jeunes générations
- Développement du pays
Lien avec la question de l’alphabétisation : expériences de l’Unesco montrant l’importance d’une alphabétisation dans la langue maternelle (notion d’analphabétisme de retour) et en tenant compte du devenir professionnel des apprenants.
Congrès mondial sur l’éradication de l’analphabétisme à Téhéran (1965) : lien entre l’alphabétisation et le dvpt éco en travaillant dans les langues locales – alphabétisation fonctionnelle.
Exemple du Mali
Les cas de la Guinée et du Rwanda
Guinée de Sékou Touré : rupture avec la France en 1958. Programme d’alphabétisation fonctionnelle avec l’aide de l’Unesco. Résultats peu probants
Programme de scolarisation : 1968 – alphabétisation dans les langues africaines, introduction du français en 3e année, enseignement en français au secondaire.
Projet d’introduire les langues africaines (8, puis 6 à partir de 1976) dans le secondaire – en réalité effectué en 1983.
Mort de Sékou Touré en 1984 : fin de l’expérience.
Echec qui s’explique par des pbs techniques et politiques
Rwanda : à Kigali 56% des habitants ne parlent que kinyarwanda, 88% dans tout le pays.
20% aussi français
24% le kiswahili
9% anglais
bilingue français/kinyarwanda depuis l’indépendance ; après le génocide de 1994, retour de population immigrée (francophone et anglophone) ;
Passage au trilinguisme : nécessaire recyclage des enseignants.
Rôle clé du Rwanda à la frontière des zones francophones et anglophones.
La promotion des langues nationales
Au départ, enseignement en français
Mise en place d’instituts chargés de travailler sur les langues africaines et d’enseigner le français
- ILA (Institut de linguistique appliquée) : en Côte d’Ivoire
- CLAD (Centre de linguistique appliquée de Dakar)
Mêmes objectifs : préparer l’introduction des langues nationales dans l’enseignement (description, codification, identification et consignation des grammaires et lexiques, élaboration de manuels, dvpt des productions littéraires)
En France,
- BELC (Bureau pour l’enseignement de la langue et de la culture française) : tenir compte de la langue des élèves. Influence sur le travail du CLAD au Sénégal.
- Crédif (Centre de recherches et d’études pour la diffusion du français) : approche universaliste.
Pb des langues maternelles : place du Mali
1994 : « nouvelle école fondamentale » (six langues maternelles : bambara, tamasheq, songhaï, soninké, peul et dogon) comme langue d’enseignement dans les premières années du primaire.
Difficultés.
Fonction identitaire.
Rôle dans le développement.
Modèle hors de l’Afrique : le Luxembourg, pays trilingue.
Caractère problématique de la « promotion des langues nationales ».
Pbs de la scolarisation en Afrique
Les états généraux de Libreville (17 au 20 mars 2003)
Etats généraux de l’enseignement du français en Afrique subsaharienne francophone
Constat de la situation de crise des systèmes éducatifs en Afrique.
Affirmation de la nécessité d’une alphabétisation dans la langue maternelle.
Mise en place d’une nouvelle norme africaine pour le français
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