Je reprends une partie des citations données dans cette longue introduction
Charles Urbain et Eugène Levesque – L’Eglise et le
théâtre
Introduction
Renaissance des spectacles et du théâtre après les
guerres civiles, sous Henri IV et Louis XIII :
Ø Etablissement de théâtres permanents
Ø Troupes ambulantes
Ø Importance du nombre d’auteurs dramatiques.
(rf. Charles Sorel, Biblothèque
française, 1664, p.183 : les auteurs acceptent que leur nom figure à
l’affiche)
Mais toujours mépris pour les comédiens (rf. J-Pierre
Camus, Les Leçons exemplaires, 1632,
p.461 et suiv. ; l’abbé de L*** P***, Décision
faite en Sorbonne touchant la comédie, Paris, 1694)
Pour le statut des comédiens, déclaration royale du 16
avril 1641.
« Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu
épandre sur notre règne, nous obligeant de plus en plus à faire tout ce qui
dépend de nous pour retrancher tous les dérèglements par lesquels il peut être
offensé ; la crainte que nous avons que les comédies qui se représentent
utilement pour le divertissement des peuples, soient quelquefois accompagnées
de représentations peu honnêtes qui laissent de mauvaises impressions dans les
esprits, fait que nous sommes résolus de donner les ordres requis pour éviter
tels inconvénients. A ces causes,.. faisons... défenses à tous comédiens de
représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives
ou à double entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique ; et ce sur
peine d’être déclarés infâmes et autres peines qu’il y écherra ;
enjoignons à nos juges, chacun en son détroit, de tenir la main à ce que notre volonté
soit religieusement exécutée ; et, en cas que les dits comédiens
contreviennent à notre présente ordonnance, nous voulons et entendons que nos
dits juges leur interdisent le théâtre et procèdent contre eux par telles voies
qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils
puissent ordonner plus grandes peines que l’amende et le bannissement ; et
en cas que lesdits comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles
soient du tout exemptes d’impuretés, nous voulons que leur exercice, qui peut
innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse
leur être imputé à blâme, ni préjudice à leur réputation dans le commerce
public ; ce que nous faisons afin que le désir qu’ils auront d’éviter le reproche
qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les
termes de leur devoir ès représentations publiques qu’ils feront, que la
crainte des peines qui leur seraient inévitables, s’ils contrevenaient à la
présente déclaration. »
La gazette de Renaudot : « Le soin des plus
grandes choses n’empêchant pas aussi Sa Majesté de penser aux moindres, et
sachant que la comédie, depuis qu’on a banni des théâtres tout ce qui pouvait
souiller les oreilles plus délicates, est un des plus innocents divertissements
et le plus agréable à sa bonne ville de Paris, sa bonté est telle qu’il y veut
entretenir trois bandes de comédiens, la première à l’Hôtel de Bourgogne, la
deuxième aux marais du Temple, de laquelle Mondory ouvrit le théâtre dimanche
dernier, et la troisième au faubourg Saint-Germain. » (La Gazette, 6 janvier 1635)
1639
Instruction
chrestienne touchant les spectacles publics,
André Rivet
Ø Reprise des arguments des Pères de l’Eglise
Ø Blâme les obscénités sur scène
Ø Condamne les pièces tirées de l’Ecriture et de la vie des saints :
« n’étant pas convenable que les gestes des saints soient représentés par
des hommes infâmes. »
(citation de Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Police des spectacles)
Apologie
du théâtre par Monsieur de Scudéry
Ø Les raisons invoquées par les Pères n’existent plus
Ø Citations de Pères de l’Eglise plus indulgents (en fait, ils sont
favorables davantage à la poésie qu’à l’art dramatique)
Ø Distinction nécessaire entre les comédiens et les bouffons, bateleurs,
délice du menu peuple.
Ø Le théâtre n’est pas seulement un divertissement mais aussi une école de
vertu.
« Lorsque la comédie sera composée, récitée et écoutée d’une façon
approchante de celle dont j’ai parlé, je ne craindrai point de dire d’elle ce
que j’en ai dit autrefois, qu’elle est l’objet de la vénération de tous les
siècles vertueux, le divertissement des empereurs et des rois, l’occupation des
grands esprits, le tableau des passions, l’image de la vie humaine, l’histoire
parlante, la philosophie visible, le fléau du vice et le trône de la
vertu. »
Lettre de Balzac à Mondory après le succès du Cid.
« J’ai plusieurs raisons de vous estimer, et pense
le pouvoir faire du consentement de nos plus sévères écoles, puisque, ayant
nettoyé notre scène de toutes sortes d’ordures, vous pouvez vous glorifier
d’avoir réconcilié la comédie avec les dévots et la volupté avec la
vertu ; pour moi, qui ai besoin de plaisir et n’en désire pas prendre
néanmoins qui ne soit bien purifié et que l’honnêteté ne permette, je vous
remercie avec le public du soin que vous avez de préparer de si agréable
remèdes à la tristesse et aux autres fâcheuses passions. » (lettre du 15
décembre 1636)
« Les compositions de ce genre ne sont plus ce
qu’elles étaient il y a trente ans ; la comédie est devenue belle en
vieillissant, et sa beauté est aujourd’hui d’accord avec son honneur :
aucune de ses actions n’est licencieuse, aucune de ses paroles
déshonnête ; au contraire, la licence et l’infamie sont l’objet de ses
censures, et je ne crains point de dire qu’elle est tellement épurée qu’une
fille la peut voir avec moins de scandale qu’elle ne parlerait à un capucin à
la porte de son couvent. » Les
Songes des hommes éveillés, Paris, 1646.
Les scrupules d’Anne d’Autriche à aller à la
comédie : remontrance de son curé, mais des évêques la rassurent (Mémoires de Mme de Motteville)
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