vendredi 13 janvier 2012

Condamner le théâtre : Introduction de L'Eglise et le théâtre d'Urbain et Levesque (1930) (1)

Prise de notes de l'introduction de L'Eglise et le théâtre d'Urbain et Levesque (1930), édition des textes relatifs à la querelle du théâtre autour de Caffaro et Bossuet.
Je reprends une partie des citations données dans cette longue introduction


Charles Urbain et Eugène Levesque – L’Eglise et le théâtre

Introduction

Renaissance des spectacles et du théâtre après les guerres civiles, sous Henri IV et Louis XIII :
Ø  Etablissement de théâtres permanents
Ø  Troupes ambulantes
Ø  Importance du nombre d’auteurs dramatiques.
(rf. Charles Sorel, Biblothèque française, 1664, p.183 : les auteurs acceptent que leur nom figure à l’affiche)
Mais toujours mépris pour les comédiens (rf. J-Pierre Camus, Les Leçons exemplaires, 1632, p.461 et suiv. ; l’abbé de L*** P***, Décision faite en Sorbonne touchant la comédie, Paris, 1694)
Pour le statut des comédiens, déclaration royale du 16 avril 1641.

« Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu épandre sur notre règne, nous obligeant de plus en plus à faire tout ce qui dépend de nous pour retrancher tous les dérèglements par lesquels il peut être offensé ; la crainte que nous avons que les comédies qui se représentent utilement pour le divertissement des peuples, soient quelquefois accompagnées de représentations peu honnêtes qui laissent de mauvaises impressions dans les esprits, fait que nous sommes résolus de donner les ordres requis pour éviter tels inconvénients. A ces causes,.. faisons... défenses à tous comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique ; et ce sur peine d’être déclarés infâmes et autres peines qu’il y écherra ; enjoignons à nos juges, chacun en son détroit, de tenir la main à ce que notre volonté soit religieusement exécutée ; et, en cas que les dits comédiens contreviennent à notre présente ordonnance, nous voulons et entendons que nos dits juges leur interdisent le théâtre et procèdent contre eux par telles voies qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grandes peines que l’amende et le bannissement ; et en cas que lesdits comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient du tout exemptes d’impuretés, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudice à leur réputation dans le commerce public ; ce que nous faisons afin que le désir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir ès représentations publiques qu’ils feront, que la crainte des peines qui leur seraient inévitables, s’ils contrevenaient à la présente déclaration. »
La gazette de Renaudot : « Le soin des plus grandes choses n’empêchant pas aussi Sa Majesté de penser aux moindres, et sachant que la comédie, depuis qu’on a banni des théâtres tout ce qui pouvait souiller les oreilles plus délicates, est un des plus innocents divertissements et le plus agréable à sa bonne ville de Paris, sa bonté est telle qu’il y veut entretenir trois bandes de comédiens, la première à l’Hôtel de Bourgogne, la deuxième aux marais du Temple, de laquelle Mondory ouvrit le théâtre dimanche dernier, et la troisième au faubourg Saint-Germain. » (La Gazette, 6 janvier 1635)

1639

Instruction chrestienne touchant les spectacles publics, André Rivet
Ø  Reprise des arguments des Pères de l’Eglise
Ø  Blâme les obscénités sur scène
Ø  Condamne les pièces tirées de l’Ecriture et de la vie des saints : « n’étant pas convenable que les gestes des saints soient représentés par des hommes infâmes. »
(citation de Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Police des spectacles)
Apologie du théâtre par Monsieur de Scudéry
Ø  Les raisons invoquées par les Pères n’existent plus
Ø  Citations de Pères de l’Eglise plus indulgents (en fait, ils sont favorables davantage à la poésie qu’à l’art dramatique)
Ø  Distinction nécessaire entre les comédiens et les bouffons, bateleurs, délice du menu peuple.
Ø  Le théâtre n’est pas seulement un divertissement mais aussi une école de vertu.
« Lorsque la comédie sera composée, récitée et écoutée d’une façon approchante de celle dont j’ai parlé, je ne craindrai point de dire d’elle ce que j’en ai dit autrefois, qu’elle est l’objet de la vénération de tous les siècles vertueux, le divertissement des empereurs et des rois, l’occupation des grands esprits, le tableau des passions, l’image de la vie humaine, l’histoire parlante, la philosophie visible, le fléau du vice et le trône de la vertu. »

Lettre de Balzac à Mondory après le succès du Cid.
« J’ai plusieurs raisons de vous estimer, et pense le pouvoir faire du consentement de nos plus sévères écoles, puisque, ayant nettoyé notre scène de toutes sortes d’ordures, vous pouvez vous glorifier d’avoir réconcilié la comédie avec les dévots et la volupté avec la vertu ; pour moi, qui ai besoin de plaisir et n’en désire pas prendre néanmoins qui ne soit bien purifié et que l’honnêteté ne permette, je vous remercie avec le public du soin que vous avez de préparer de si agréable remèdes à la tristesse et aux autres fâcheuses passions. » (lettre du 15 décembre 1636)

« Les compositions de ce genre ne sont plus ce qu’elles étaient il y a trente ans ; la comédie est devenue belle en vieillissant, et sa beauté est aujourd’hui d’accord avec son honneur : aucune de ses actions n’est licencieuse, aucune de ses paroles déshonnête ; au contraire, la licence et l’infamie sont l’objet de ses censures, et je ne crains point de dire qu’elle est tellement épurée qu’une fille la peut voir avec moins de scandale qu’elle ne parlerait à un capucin à la porte de son couvent. » Les Songes des hommes éveillés, Paris, 1646.

Les scrupules d’Anne d’Autriche à aller à la comédie : remontrance de son curé, mais des évêques la rassurent (Mémoires de Mme de Motteville)

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