u Récapitulation de la querelle avec reprise des arguments
Ambroise Lalouette, Histoire et
abrégé des ouvrages latins, italiens et français pour et contre la comédie et
l’opéra, Paris, 1697, in-12.
Desprez de Boissy, Lettre sur les
spectacles, 1756, critiquée par Fréron dans l’Année littéraire (t.VIII, 1757, p.184 et suiv.), rééditée six fois
et augmentée.
Version finale : 1774, Lettres
sur les spectacles, avec une histoire des ouvrages pour et contre le théâtre.
Jugement très négatif d’Urbain et Levesque : absence d’unité et d’esprit
critique.
Bertrand de La Tour, Réflexions
morales, politiques et littéraires, tomes IV et V des Œuvres complètes, Migne, Paris, 1855, 7 vol. in-4.
u Cependant, le clergé se montre de plus en plus indulgent avec le théâtre,
ne demandant plus sa suppression mais sa réforme.
Abbé Claude Boyer, préface à Judith
(1695) :
« Qu’il serait à souhaiter que de pareils sujets fussent quelquefois
représentés sur la scène française pour édifier et divertir en même temps. La
Comédie se doit faire honneur à elle-même en faisant honneur à la religion. Les
comédiens ont-ils un moyen plus sûr et plus glorieux pour confondre ceux qui
s’obstinent sans cesse à décrier leur profession ? Quel attrait plus
puissant pour réconcilier avec le théâtre ceux qui en sont ennemis déclarés ?
[...] Quand je parle si avantageusement des matières saintes,
je ne prétends pas exclure les sujets profanes, quand ils sont traités sagement
et purgés de tout ce qui peut offenser la pudeur et révolter le spectateur
raisonnable [...] »
Bossuet : félicite Longepierre du succès de son Electre, « pièce sans intrigue d’amour, où tout se soutient
par la terreur. » (Ledieu, Journal,
12 février 1702)
L’abbé de Saint-Pierre, Mémoire pour
rendre les spectacles plus utiles à l’Etat dans le Mercure, avril 1726.
« Si, dès à présent, on établit dans un grand Etat une académie pour
diriger les spectacles vers les mœurs désirables de la société, si, par les
prix qu’elle distribuera aux poètes qui plairont le plus et qui dirigeront le
mieux leurs ouvrages vers la bonne morale, il arrivera avant trente ans que les
pères et les mères les plus sages mèneront leurs enfants à la comédie comme au
meilleur sermon, pour leur inspirer des sentiments raisonnables et
vertueux ; il arrivera que, dans toutes les villes de vingt ou trente mille
habitants, il y aura, aux dépens du public, des théâtres et des comédiens, afin
qu’avec peu de dépense les habitants médiocrement riches puissent assister au
spectacle, et l’on verra ainsi le plaisir devenir très avantageux au bon
gouvernement, ce qui est le sublime de la politique. »
Le P. Porée, maître de Voltaire au Collège Louis-le-Grand, prononce un
discours de défense du théâtre (1733) :
Theatrum sitne velle esse
possit schola informandis moribus idonea,
Paris, 1733, in-4, traduit la même année par le P. Brumoy, Discours sur les spectacles, in-4.
Après une critique sévère du théâtre de son époque (depuis Corneille,
Racine, Molière), appel à une réforme radicale : si le théâtre est
corrompu et corrupteur, c’est à cause des instincts dépravés des spectateurs.
Mais en même temps, comme le montre son usage dans les collèges, il peut
servir utilement la morale.
« C’est donc à vous, Messieurs, (je parle aux spectateurs, censeurs
nés de la plume des poètes et du jeu des acteurs), c’est à vous particulièrement
et plus qu’à eux, d’employer vos soins à la réforme du théâtre. Votre
indulgence a fait le mal ; c’est à votre juste sévérité de le réparer.
Qu’une école que vous avez livrée au vice devienne, par vos efforts, une école
de vertu. Contraignez les auteurs d’épargner les oreilles pures. Défendez aux
acteurs de faire rougir un front vertueux ; tirez la scène, innocente par
elle-même, de la nécessité d’être coupable des crimes d’autrui et de la perte
des cœurs. Vous le devez à la religion, à la patrie, et, s’il est dit qu’il
faut tolérer les spectacles dans les Républiques chrétiennes, rendez-les
dignes, autant qu’il est possible, du citoyen, de l’honnête homme, du
chrétien ! »
Languet, réception de La Chaussée à l’Académie :
Alliance de la comédie et de la chaire pour châtier les libertins.
« Le sacré et le profane, le sérieux et le comique, la chaire et le
théâtre doivent se liguer pour rendre [les] libertins aussi ridicules qu’ils sont
et aussi odieux qu’ils méritent de l’être. »
Eloge qui suscite, dans les Nouvelles
ecclésiastiques, la fureur des rigoristes (1736, p.121).
1768, l’abbé de Besplas, Des causes
du bonheur public, in-8, p.369-376. Nécessité de réformer le théâtre.
u Sévérité de la magistrature à l’égard du théâtre et des comédiens :
Arrêt du Parlement du 29 janvier 1759, interdisant toute représentation
dans les collèges de l’Université.
1761 : traitement de Huerne de La Mothe pour avoir pris la défense des
comédiens : Mémoire à consulter sur
la question de l’excommunication que l’on prétend encourue par le seul fait,
d’acteurs de la Comédie française
Cf. Voltaire, Conversation de
M.l’Intendant des Menus avec M. l’abbé Grizel.
u Rupture de la Révolution : les Parlements n’existent plus, les
comédiens n’ont plus rien à démêler avec les magistrats.
Clergé : rupture avec la tradition gallicane, tolérance.
Attitude générale : Cardinal Gousset, archevêque de Reims :
« Le spectacle, par lui-même, n’est point mauvais ; on ne peut
donc le condamner d’une manière absolue ; mais il est plus ou moins
dangereux suivant les circonstances et l’objet des pièces qu’on y joue ;
on ne peut donc approuver ceux qui ont l’habitude de le fréquenter ; on
doit même l’interdire à toutes les personnes pour lesquelles il devient une
occasion prochaine de péché mortel. Le spectacle n’étant point mauvais de sa
nature, la profession des acteurs et des actrices, quoique généralement
dangereuse pour le salut, ne doit pas être regardée comme une profession
absolument mauvaise. »
Théologie morale à l’usage
des curés et des confesseurs, Paris, 1844, t.I, p.293
et suiv.
L’intrisangeance de l’ancien clergé est rapportée à la tradition gallicane
(conflit entre l’attitude romaine, plus tolérante, et l’attitude
gallicane ; cf. 1696
u Le reste de l’introduction est essentiellement consacré à un examen de la
réception critique du texte de Bossuet au XIXe et XXe siècles.
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